Castel Lavardin
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Le domaine du Lavardin en Vendomois, Uchronie des Royaumes Renaissants (1451 - ?)
 
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 Campement de Jeneffe

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Bérénice de Jeneffe
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Bérénice de Jeneffe


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MessageSujet: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitimeMer 26 Oct - 14:20

Ecouter et surtout ne rien dire, même si l’envie est présente pour briser cette triste réalité qui pèse encore lourd sur eux. Absence trop longue d’un père à laquelle il ne pourra jamais être remédié, quand bien même le Père et la fille tentent de se persuader du contraire. Peut-être que si la Rose aux pétales d’argent n’avait pas sombré dans une mortelle folie, il en serait autrement. Peut-être. Mais les suppositions ont ce terrible défaut de n’être que du vent. Mais pas le temps de songer, ni de s’apitoyer, encore moins de se demander à quoi ressemblait le vieux Chevalier lorsqu’il était plus jeune : un tableau ne remplace pas ce qui vous a été pris par un Destin par trop mauvais farceur. De toute façon, il est temps d’avancer et d’aller à la rencontre des festivités du jour : en pleine agitation guerrière, un peu de répit ne fera pas de mal, loin de là. Faire des rencontres, encore jusque là inconnues ou revoir de vieilles ou récentes connaissances, ne sera pas non plus désagréables, surtout lorsque l’esprit de la poupée aux douces boucles rousses se focalisent sur une jeune rencontre qui ne lui avait pas trituré les méninges depuis longtemps. Se peut il que son père y ai fait allusion ? Avec le Flamand si habile de sa langue, il faut de méfier de tout, du pire comme du meilleur. Et surtout ne pas lui demander s’il a bien fait allusion à ce jeune d’Arduillet au regard troublant.

Troublant ? Mais ce n’est qu’un enfant. Et c’est un garçon, rien de plus ennuyeux. Mais la jeune héritière sent malgré elle le rouge lui colorer les joues, tandis que ses doigts fins jouent nerveusement avec une boucle rebelle. Concentre-toi, concentre-toi. Père t’a donné une mission. Et pas des moindres. Ne pouvait-il choisir lui-même le lieu de leur installation ? Et pourquoi lui en demander les raisons ? Raisons fort inavouables s’il en est pour une demoiselle de son rang, car les couleurs qui trônent sont ces raisons à elles seules.


Je pense Père, que nous allons nous installer ici. annonça la jeune fille en regardant alentours. La vue est encore agréable, même si je pense que d’autres tentes seront installées avec l’arrivée des autres invités du Duc. Espérons toutefois quand même, que notre vue sur le paysage ne soit pas trop gâchée…

Regardez, je reconnais les couleurs de la Vicomtesse de Renaix.
C’est si beau le hasard… hasard poussé par un choix délibéré, tandis que Bérénice omet volontairement de faire allusion aux couleurs d’un jeune taureau en pleine croissance. Au moins nous connaitrons… Enfin je connaitrais quelqu’un avant de voir d’autres gens en votre compagnie. Pensez vous qu’elle joute ? Voilà une dame qui ne s’interroge pas sur sa position. Est-ce que la poupée rousse avait un peu d’admiration pour la Ronse ? Allez savoir. Mais au moins, elle, elle n’était pas comme toutes ces dames qui passaient leur temps à se pomponner, qui ne s’arrachaient pas les dernières houppelandes à la mode parisienne. Mais pas sûr que le Chevalier aimerait savoir que la piquante Vicomtesse pouvait un brin déteindre sur sa progéniture dont la seule vocation était devenir une parfaite épouse, même si ce n’était pas gagné. En attendant, il fallait s’installer et en une jeune fille fort décidée à montrer de quoi elle était capable, la jeune de Jeneffe commença à donner les ordres nécessaires à l’établissement du campement, même si les gens qui les accompagnaient étaient plus ou moins rodés à l’affaire.
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Guillaume_de_Jeneffe
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MessageSujet: Re: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitimeSam 29 Oct - 13:35

« Ni sur les conséquences de ses actes » faillit laisser échapper le chevalier. L'annonce, par sa fille, de la proximité d'autres tentes flamandes aurait dû le réjouir, et ce d'autant plus que savoir le futur comte de Roubaix présent l'eut en temps normal satisfait au plus haut point. Mais les circonstances avaient changé, et les rapports que le Grand Officier de la Couronne traitait journellement avait apporté bien plus que de simples informations militaires. L'évidence qu'il s'était toujours plus ou moins refusé à considérer s'était imposée à ses yeux, nuancée mais confirmée par la main même de la responsable de son trouble.

Or, tout cela, sa fille ne le pouvait, ne le devait savoir. Le masque que le Flamand se composa rapidement n'avait d'ailleurs d'autre but que de s'éloigner de ce qui, peut-être, ébrècherait la forteresse flamande. Guillaume détourna donc la conversation, ou crut le faire :
« J'y aperçois également les armes d'Arduilet. T'ai-je déjà dit que j'ai jouté au côté de son père et de son grand-père ? Peut-être sera-ce bientôt à toi de prendre ma place face à sa lance ? Mais en attendant ce jour, l'emplacement que tu as choisi me semble parfaitement convenir ».

Et c'est dans un silence scrutateur qu'il observa sa fille prendre les rênes de l'organisation. Certes plusieurs de ses ordres étaient inutiles, ou ne faisaient que suivre ce qu'avait déjà décidé les valets de la suite de Jeneffe. Mais au moins semblait-elle savoir de quoi elle parlait. Et c'est quand l'étendard familial fut planté au sol,

Campement de Jeneffe Etendardjeneffe

qu'il posa une question qui le taraudait depuis plusieurs semaines maintenant : « Et toi, Bérénice, souhaites-tu que l'on écartèle ton blason des armes de Jeneffe ? »

Il y avait bien plus dans cette phrase qu'un simple souci esthétique. Le blason disait plus, bien plus, à ceux qui savaient le lire. Mais qu'en était-il de la jeune fille ?
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Bérénice de Jeneffe
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MessageSujet: Re: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitimeSam 5 Nov - 20:23

Lorsque son Père fit allusion aux couleurs du jeune d'Arduillet, le rouge vint lui colorer les joues malgré elle, et son regard se tourna de l'autre cté, comme pour couper court à toute discussion qui pourrait avoir lieu à ce sujet. Pour la discrétion, il faudrait repasser, quoique les oeillères de son paternel pouvaient être assez épaisses pour qu'il ne remarque rien. Mais plutôt que de lui adresser un regard vert interrogateur pour voir ce qu'il en était, elle ne fit rien, préférant de pas lui donner le bâton pour se faire battre. Elle était folle, mais pas à ce point là non plus. De toute façon, il avait changé de sujet, l'honneur était donc sauf, d'autant que le sujet abordé n'était pas dénué d'intérêt.


Mais elle ne lui répondit pas de suite. Les bras dans le dos, elle surveillait les serviteurs de la mesnie qui s'affairaient avec sérieux. Aucun geste n'était effectué au hasard. Tous se suivaient dans un ordre précis. Si l'un des gens de la famille manquait à ses obligations, c'est tout le groupe qui serait désorganisé. Elle ne se rappelait pas avoir déjà vu un serviteur se tromper dans le contage de la partition qui lui était confiée. Ou alors cela ne l'avait jamais marquée. En meme temps, du peu qu'elle avait participé à des évènements auquel son statut de noble lui donnait accès, cela n'avait rien d'étonnant. Quoiqu'il en soit, aujourd'hui, le chef d'orchestre était elle et la moindre fausse note la rendrait responsable. Or, il était impensable qu'elle puisse décevoir son chevalier de père, au risque de lui donner une raison pour briser la promesse qu'il lui avait faite.


Dans en avoir l'air, elle se rapprocha de l'étendard familial et en caressa soigneusement le tissu du bout des doigts. Les armes paternelles, elle les avait tatouées dans le sang, mais elle ne les avait jamais eu brodées sur ses vêtements et jamais elle ne les avait vraiment arborées. Seul son nom était véritablement sa carte de visite, un nom lourd à porter, un héritage qu'elle maudissait souvent. Allait elle encore le maudire? Le détestait elle encore? Au fond, elle ne l'avais jamais détesté. Elle lui en avait juste voulu c'est tout.


Oui. fut la seule réponse adressée au chevalier. Un simple mot qui pourtant en disait beaucoup puisque par là, elle se replaçait définitivement sous son autorité, autorité qui briserait probablement beaucoup de rêves.
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Ellesya
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MessageSujet: Re: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitimeSam 5 Nov - 23:49

Les 16ème de finale étaient achevées, laissant le tableau des participants élagués des tournoyeurs manquant de pratique ou de chance. Chacun s'en était retourné vers son campement, prendre repos, soin ou repas sous son pavillon et surtout commenter les passes d'armes. Quelques tentes et trefs étaient démontés également, faisant disparaitre à la vue de la jeune duchesse les armes des mauvais perdants.
Faire partie de la damerie avait son intérêt mais sûrement pas celui de se dégourdir les jambes. Aussi la Valkyrie de Tyr s'en fut flâner avant que la journée ne termine et qu'elle rejoigne la chambre mise à sa disposition ou son pavillon, selon son humeur vespérale. Porté sans but par son corps, son esprit également musardait avant de s'accrocher à une réfléxion. Avant de parvenir au Lavardin, une liste s'était formée de personnes à voir ou revoir. Ingeburge, c'était fait. Les Hasselt, idem. Aaron avait joué à l'invité surprise et avec ses nerfs, pour son plus grand plaisir. Donc fait. Dans les incontournables restaient Guillaume de Jeneffe et Clémence de l'Epine. Le premier, elle savait où le trouver. La seconde, pas encore malgré qu'elle se soit renseignée sur les armes de son amie.
Amboise tourna alors les talons dans le bruissement velouté de sa robe à tassel aussi sombre que sa chevelure ramenée en templières tressées de part et d'autre de son visage.

Quelques minutes plus tard, elle se présenta à l'entrée du camp flamand. Peu sûre de son entrée en matière, elle s'était procuré deux bouteilles de vins autant pour s'occuper les mains que pour être agréable au Chevalier. Après y avoir goûté, elle ne connaissait nul coeur que le Vouvray n'avait égayé.
Avisant le premier venu, elle s'annonça.


Le bon jour à vous, mon brave. Pourriez vous annoncer à Monseigneur Guillaume de Jeneffe que Sa Grasce Ellesya de la Louveterie désire lui rendre visite?

L'Arduilet lui était resté dans la gorge. Si elle parvenait à l'écrire enfin à côté de son nom maternel depuis qu'elle s'était ouverte par lettre interposée au flamand, elle avait encore bien du mal à lui faire passer la barrière de ses lèvres.
Pour ponctuer sa demande, elle offrit un léger sourire aimable à la personne qu'elle venait d'interpeller.
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MessageSujet: Re: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitimeDim 6 Nov - 4:12

[Jour 1 : Guillaume et Bérénice]

Un oui et le monde change autour de vous. Un oui et le soleil s'éclaire de nouvelles parures. Un oui et une famille se ressoude. Trois lettres et un nouvel horizon se dégageait pour les deux Jeneffe (deux Jeneffe, de Jeneffe, quel subtil jeu de mots, n'est-il pas ?). L'original écartelé en sautoir de Calmont et Lorgies allait bientôt se charger d'armes familiales. Quelle plus belle, quelle plus éclatante revanche sur les années passées loin l'un de l'autre que ce simple mot.

C'est donc le sourire aux lèvres qu'un instant, alors qu'elle avait porté son attention sur les valets responsables de l'établissement du campement, il la couva du regard. Petit bout de femme qui poursuivait sa voie, leur voie commune vers une affirmation de plus en plus prononcée. Elle avait encore beaucoup à apprendre, mais l'accord qu'elle venait de formuler état tout ce que le chevalier pouvait espérer en ce moment.


- Fort bien, en ce cas, ma fille. Tu seras donc une Jeneffe par les armes comme tu l'es par le sang. Il va donc te falloir choisir le signe de ta filiation que tu apposeras sur mes armes. Que dirais-tu d'une rose posée sur la cotice d'argent ? Ou préférerais-tu contourner notre lion familial ? Ou autre chose encore. Car ce sont tes couleurs que tu vas définir. Des couleurs que tu conserveras toujours, voire que tu bailleras à ceux qui seront un jour tes champions...

-------------

[Jour on sait pas trop combien : Guillaume et Ellesya, ou comment tenter le rp désynchronisé]

Après sa victoire surprenante – et il n'était pas exagéré de dire que le Flamand était certainement l'un des plus surpris de son succès – contre le Grand Prévôt de France, Guillaume avait regagné son campement. Les passes avaient été nombreuses, nombreuses pour son âge s'entend, et il sentait avoir besoin de traitements qu'il ne pourrait recevoir à proximité immédiate de la lice. Laissant un page guider sa monture de laquelle il n'était toujours pas descendu, il avait traversé la ville de toile et de bois.

Non sans avoir salué plusieurs connaissances d'un geste de la main métallique, il était arrivé en vue de son temporaire domicile. Pour y apercevoir le dos d'une jeune fille qu'il ne pouvait encore reconnaître. Ce n'était clairement pas Bérénice. Et distinguer qui que ce soit d'autre à travers les fentes de son heaume à tête de crapaud qu'il portait toujours en joutes relevait du quatorzième travail d'Hercule. Il avait cependant, d'une traction sur les rênes qu'il avait conservées en main, fait arrêter sa monture, curieux de la tournure des évènements. Qui donc le pouvait vouloir voir ? Il ne se souvenait d'aucune rencontre prévue, du moins d'aucune rencontre qui devait le mettre en présence d'une personne de cet âge. Étrange...

C'est le charpentier que la duchesse d'Amboise avait alpagué avec une courtoisie que l'homme avait jugé empreinte d'un logique mépris pour sa condition qui résolut alors une situation qui s'annonçait autrement bien inextricable.


- Ja zeker mev'... euh, je veux dire, oui, bien sûr, damoiselle. Si ce n'est que le chevalier n'est pas en sa tente... petit silence pour ménager le suspense, l'artisan avait appris cela de son maître mais bien derrière vous, finit-il en désignant le cavalier enarmuré d'un mouvement de la senestre.
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Ellesya
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MessageSujet: Re: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitimeDim 6 Nov - 23:19

[Peu après le second tour – c'est toi qui l'a voulu !]

Un fin sourire anima les lèvres d'Amboise. Sans être familière, la langue usitée par son interlocuteur avait la saveur de quelques vagues réminiscences à la saveur houblonnée.
Le regard clair, hérité de ses ancêtres germaniques - qui se disputaient quelques pintes de sang avec les fantômes français, maures et bretons de l'invisible et foisonnante généalogie de la jeune femme - ... Le regard, donc, se posa sur le Vicomte toujours en harnois. Ce qui embarrassa la visiteuse. Non qu'il y ait quelqu'indécence à observer une boîte de conserve montée. Depuis qu'elle avait rejoint l'Enece, c'était d'ailleurs l'une des choses les plus pudiques qu'elle ait eu à voir depuis un bout de temps. Mais cela signifiait surtout qu'elle avait fort mal calculé son coup et elle détestait arriver comme un cheveu dans la soupe.

D'un signe de tête distrait, elle signifia à l'homme qu'elle avait pris bonne note de l'information et le laissa à ses occupations. Puis, après une hésitation passagère, s'en vint au devant du vicomte. Arrivée à deux pas de son destrier, elle lui lança sur un ton qu'elle voulut enjoué.


J'ai déjà eu le plaisir de vous observer en harnois. J'espérais varier les plaisirs.
Mais je puis revenir plus tard. Du moins si cela vous dit de discuter avec la fille du Taureau et de la Louve.
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MessageSujet: Re: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitimeMer 9 Nov - 1:13

[Jour... ben 1 en fait, c'est Llyr qui l'a dit!!! Donc quelques heures après l'arrivée et la discussion héraldique père-fille. Le rp désynchronisé c'est le bien!!!]

D'un mouvement du buste – ben oui, essayez de faire un mouvement de la tête avec un heaume qui, comme tous les heaumes, reposait sur vos épaules, et vous verrez que ça donnera... strictement rien – Guillaume salua la duchesse. Et tandis que celle-ci marquait son regret de ne pas le rencontrer en vesture autrement plus commode, le chevalier glissa de sa monture. Enfin... Glissa, c'est un grand mot... Objectivement, on le vit passer la jambe gauche par-dessus sa selle, rester un instant en équilibre puis se laisser choir. C'est donc une masse de plus de deux cents livres qui vint s'abattre au sol, droite comme un presque I. L'habitude de la vie en armure, certainement. Puis un valet, apparu là on ne sait comment, s'était occupé de désolidariser le heaume licorné de l'armure de joute, laissant ainsi, enfin, son maître répondre.

- Duchesse, je crains vous décevoir... En effet, ayant eu, par un miracle dont je ne m'explique toujours pas l'origine, le dessus sur le comte Althiof, je vais devoir prochainement reprendre la direction de la lice. Il me faudra donc rester en pourpoint de plattes avant de pouvoir penser aux brocards et fourrures. Il vous faudra donc prier pour ma défaite pour accélérer cela. Mais si mon armement ne vous dérange point, je serais ravi d'enfin m'entretenir avec vous. Puis-je vous avouer qu'il me tardait de rencontrer celle qui s'adressait à moi de la façon dont vous le fîtes dans vos missives ?
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MessageSujet: Re: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitimeVen 11 Nov - 13:38

[Peu après le second tour]


Ah tiens, il était encore plus vieux que ce qu'elle n'imaginait. Dans un sens, c'était un bien. Jamais elle n'aurait osé écrire de la manière dont elle l'avait fait à un quelconque jeunot. De toute manière, depuis le temps que son géniteur avait trépassé, aucun blanc-bec n'avait quoique ce soit à dire à son sujet. Alors que les allusions à sa mère venant des uns et des autres étaient fréquentes, peu se souvenait du Taureau. Ce qui avait d'ailleurs obligé la jeune femme à prendre la plume et à contacter ce Chevalier.
A celui-ci elle offrit un sourire aimable.


Déception ? Nullement. Je crains plus de vous embarrasser de ma présence alors que vous avez sûrement mieux à faire en prévision du prochain tour.
Vêtu de métal ou d'étoffes m'importe peu. Mes propos précédents étaient plus une tentative d'entrée en matière. Le face à face n'est pas toujours aussi aisé que de coucher des mots sur un parchemin.

A ce sujet, j'ai apprécié votre réponse et vous en remercie. Je n'ai pas pour habitude de m'ouvrir aux inconnus sur les aspects sombres de ma vie ou de mes aïeux.


Un court instant, elle regarda ses mains, se souvenant dans la foulée qu'elle y tenait encore deux bouteilles.
Elle releva alors le nez et précisa.


Je ne sais ce que vous avez du penser de cette missive et de celle qui vous l'avait adressée, mais je me voyais mal vous contacter pour tourner autour du pot dans l'idée d'un jour vous faire part de ma réelle motivation. Aussi ai-je été franche.

Mais je vous retiens à l'entrée de votre campement...
J'avais apporté un peu de vin de mes terres. Je puis le confier à l'un de vos gens et vous laisser profiter de quelques délassements avant votre retour en lice.
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MessageSujet: Re: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitimeMer 16 Nov - 16:43

Un sourire plus franc vient se dessiner sur le visage flamand tandis que s'énonçaient les paroles de la jeune fille. Qu'il était plaisant de discuter avec des nobles qui avaient une réelle éducation. Cette éducation qui, il le constatait chaque jour, avait tendance à s'évaporer dès lors que lesdits nobles se trouvaient trop longuement en campagne. C'était là aussi l'une des raisons qui lui faisaient aimer les joutes. Le retour de la courtoisie, même parfois entre ennemis mortels, comme pour un temps hors du temps, justement. Quoique parfois, comme sur l'une des terres de son interlocutrice du jour, l'on se retrouvait à corriger un futur beau-frère...

C'est donc au milieu de ces pensées particulièrement agréables que Guillaume naviguait au moment où la duchesse achevait de parler en lui offrant produit de ses terres. Devant un tel assaut d'amabilité, et comme si cela avait été nécessaire pour le décider à faire ce qu'il s'apprêtait à faire, le chevalier commença par tendre une main en direction de sa tente :
« Duchesse, permettez que je vous contredise. Votre présence ne m'embarrasse nullement, que du contraire. Je n'eus pu rêver plus agréable délassement que de converser quelques temps avec vous. Mais prenez place, je vous en prie, et laissez mes gens remplir nos verres de vos crus. Il serait particulièrement inconvenant de les consommer seul, n'est-ce pas ? »

Et comme cette question n'était que pure rhétorique, Guillaume poursuivit sans réellement laisser le temps à une réponse de lui être adressée, tout en s'asseyant sur l'un des tabourets de cuir tendu posés près de l'entrée de sa tente : « Quant à l'inconvenance, soyez rassurée, votre lettre n'en était point une expression. Je l'ai trouvée, si je puis me permettre d'en juger, tout à fait conforme aux usages nobles. Voire même ai été flatté de la confiance que vous me fîtes à cette occasion ».

Acceptant alors un verre de son valet qui s'en allait désormais en proposer un autre à la Louveterie, il prit l'initiative de donner à la discussion un tour plus... personnel : « Mais vous-même, ne joutez-vous point ? À moins que vous n'ayez voulu de la sorte privez quelque jeune homme de l'honneur de porter vos couleurs... »
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MessageSujet: Re: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitimeVen 18 Nov - 0:01

[Peu après le second tour]

L'attitude et les propos du Vicomte lui permirent de se détendre et d'envisager agréablement la suite de la discussion. Son embarras s'était évaporé, balayé par cette invite de la main désignant le pavillon. D'une légère inclinaison du chef, elle le remercia et l'accompagna tout en l'écoutant. À ses paroles sur l'inconvenance de profiter de son cadeau en solitaire, elle laissa échapper un très léger rire dénué de moquerie. Dans la foulée, elle précia.

Il en faut plus pour me froisser...

Mais lorsqu'une personne y parvenait, la jeune duchesse s'installait durablement dans une hostilité rancunière et glacée. Par chance, ce n'était pas là fait fréquent.

A la suite de Guillaume, Sya prit place sur l'un des sièges disposés à quelques pas de l'entrée de la tente. Si elle était relativement détendue en cet instant, son maintien pouvait laisser penser le contraire. Le buste raide lui conférait une attitude assez guindée. A défaut de mouvements gracieux, elle sourit courtoisement à son interlocuteur, puis gentiment au valet qui venait de lui tendre un verre.
Elle ne le porta pas d'emblée à ses lèvres, attentive aux propos du chevalier. Son sourire s'élargit à sa question.


A l'époque, j'ai fait le pari de vous faire confiance et ne le regrette nullement. Le fait de renouer avec mon filleul a quelque peu précipité la réflexion et la recherche que je comptais mener.

Quant à ce tournoi, ma foi... J'y étais inscrite initialement. Nul homme n'a jamais porté mes couleurs ni n'en a même émis le souhait. Aussi, bien que je manque de force, j'ai l'habitude de les arborer seule, ce qui a pour résultat, d'ailleurs, qu'elle ne figure pas longtemps en lice. Je manque encore de force et d'expérience.


Le ton était relativement désinvolte sans qu'il fut possible de dire s'il reflétait véritablement le sentiment de la petite Valkyrie de Tyr ou non. Un bref silence s'installa durant lequel Sya reprit mentalement le fil initial de la conversation.

Tout cela pour dire que j'ai du renoncer à ma participation suite aux navrures écopées à Bourges. Lors de l'assaut décisif contre la capitale berruyère, ma section fut décimée, moi incluse bien entendu. J'en ai encore pour quelques semaines de convalescence.

Disant cela, elle effleura de sa main senestre le flanc opposé, signifiant par là la localisation d'une partie de ses blessures.

Vous sembliez surpris d'avoir vaincu le Comte Althiof. Je vous avoue mon ignorance quant à ses qualités guerrières mais je vous pensais familier de la lice et des lauriers.
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MessageSujet: Re: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitimeVen 18 Nov - 20:49

Secouant lentement la tête, Guillaume entendait avec peine Ellesya expliquer, comme si cela ne la touchait guère, que personne ne lui demandait même à porter ses couleurs pour jouter. Les yeux étaient presque clos, marquant avec plus de clarté encore s'il en était besoin, sa désapprobation. Certes les dames joutaient depuis longtemps, et avec le temps il avait appris à oublier ses préventions sur cette pratique – aidé en cela il est vrai par les enseignements de celui qui restera toujours pour lui Frère Nico – pour les juger tout à fait capable de prendre les armes, en champ clos comme à la guerre, mais cela ne lui faisait pas pour autant oublier les usages ancestraux de la noblesse. C'est donc avec des relents de profond regret qu'il répondit : « Si je suis familier, ou plutôt si j'ai été familier des lices, cela n'allait pas sans un profond respect des pratiques de nos ancêtres chevaliers et gentilshommes. Et c'est pourquoi je déplore de toute la force de mon âme que personne n'aie même proposé sa lance pour y accrocher vos couleurs. Ne seraient celles de ma fille qui, comme vous pouvez le voir à mon bras, ornent déjà ma personne, je vous aurais proposé de réparer cela de ce pas ».

Et à ses mots il reprit une gorgée du raisiné présent ducal.

« Mais, pour répondre à votre question, certes j'ai une certaine expérience la lance à la main, mais avant mon... absence de France, le comte Althiof, qui était alors baron d'Auvergne, était réputé l'un des plus redoutables jouteurs du Royaume. Et je ne m'imaginais pas, à l'époque, parvenir à le vaincre. Autant vous dire que, vu mon âge actuel, je n'aurais guère misé un château sur ma victoire. Quant aux lauriers, ma foi... J'en ai cueilli certains, certes, mais avec bien moins de fréquence que ce que vous pensez croire. Même si j'avoue que cela me flatte. Je gage d'ailleurs que les registres de Minerve peuvent encore en témoigner ».

Puis un silence, vierge de tout vin cette fois, se fit entendre avant que le chevalier ne pose la dernière pierre de sa réplique.

« Mais dites-moi, quand elle ne fait pas tomber la capitale du Berry, que fait la maison de la Louveterie et la première de ses membres ? Se plaît-elle comme auparavant à nouer d'avantageuses unions matrimoniales ? »
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Bérénice de Jeneffe
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MessageSujet: Re: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitimeVen 18 Nov - 23:01

Et Ouai... en retard avec un grand R.
Jour Number One
Discussion Père/Fille


Elle portait son nom, depuis sa naissance, depuis que sa mère l'avait mise au monde. Par un défit futile quand il avait disparu, elle y avait ajouté celui de sa mère qui, finalement n'avait que peu d'intérêt pour elle malgré sa rencontre avec le Condé. Ainsi donc avait elle toujours été une de Jeneffe. Les armes allaient elle changer quelque chose à cet état de fait? Ce qu'elle portait n'était qu'un héritage maternel et une donation au jour de sa naissance afin que soit reconnue sa noblesse, lourd fardeau s'il en était. Ce n'est pas qu'ils n'avaient aucune valeur, bien au contraire, mais le fait de porter les armes paternelles leur donnait un tout autre sens, une toute autre dimension. Et cette dimension, elle allait devoir la définir par elle : s'il y avait une chose bien difficile c'était celle-là. Que choisir? Un lion à son image de jeune lionne insensée? Une rose en mémoire de sa défunte maternelle? Son jeune esprit tendait déjà à réfléchir à la chose, tandis qu'il percuta sur un propos chevaleresque que la jeune fille aurait aisément qualifié de déplacé.

Elle se tourna ainsi vers son chevalier de géniteur et plissa son jeune museau perplexe. Des champions. Ses champions. Si elle en avait voulu, nul doute qu'elle se serait évertuée à en trouver un. Mais comme elle n'en voyait nullement l"intérêt sinon celui de devoir se coltiner un pot de colle appelé homme. Et ce n'était pas un intérêt, mais un énorme inconvénient. Autant s'attacher un boulet à la cheville, n'est ce pas? Mais pouvait elle honorablement partager le fond de sa pensée avec le Chevalier? Très probablement que non. Et comme elle eut une ingénieuse idée, elle allait pouvoir changer le cours de la conversation. Ou pas. C'est qu'un Flamand, c'est difficile à prévoir.


- Puisque vous ne porterez plus les couleurs de ma mère, porterez vous les miennes? Allez papounet, flatte donc l'égo de ton unique héritière...


........


Un peu plus tard... Mais je sais plus quand.
Parce que vous pensiez bien qu'il fallait bien que je me tape l'incruste Gnark!


Aux anges. Tout ça parce que le Vieux avait passé le premier tour et qu'il ne s'était pas fait envoyer bêtement au tapis. Bêtement, peut être pas. Mais c'est qu'il n'était plus de prime jeunesse, il faut quand même le reconnaitre. Bien que chevalier reconnu, un homme vieux restait un homme vieux, surtout par rapport à la fougue et a la force d'une jeunesse en pleine essor. Et qu'on ne fasse pas allusion à sa jeunesse à elle car pour sûr, la demoiselle était tellement épaisse et avisée, qu'il aurait suffit de lui souffler dessus pour qu'elle tombe. Certes, c'était un peu exagéré, mais l'idée était là. Et tout ça pour dire que fasse à un homme un brin plus jeune, il était tout de même étonnant que le Flamand soit resté dans ses étriers. Heureusement pour lui qu'il avait porté les couleurs de sa fille. La justification d'un tel prodige ne pouvait venir que de là. Ses couleurs à elle avait permis à son père ne de pas passer pour un vieux débris avant l'heure.

Voilà donc un ego lionnesque qui voguait sur de hauts nuages bien douillets et qui n'avait pas prévu d'en redescendre tout de suite. C'est donc l'esprit léger que la jeune fille quitta les tribunes, se faufilant tout en marchant sur quelques panards qui avaient eu l'audace de se trouver sur son chemin et arrachant ainsi des propos énervés de leurs propriétaires mais qui lui passaient bien au dessus des boucles rousses. A y regarder de plus prêt, la demoiselle semblait fort à l'aise à se mouvoir ainsi dans une houppelande soignée. Parce que oui, elle était habillée en femme. Fallait bien ça pour faire plaisir au paternel et recevoir des regards satisfaits de sa part, regards qu'elle espérait au fond, collectionner plus que de raison, tandis que naissait insidieusement un oedipe féminin qui serait bien tenace. Mais là n'est pas encore l'histoire de ce terrible comportement enfantin.

Les boucles rousses volant au vent, usant de son flair légendaire pour retrouver son chemin parmi toutes les couleurs hissées dans le campement, il n'est pas honteux d'avouer qu'elle se perdit et effectua quelques détours. Détours qui, soit dit en passant, la ramenait régulièrement de la tente d'un jeune limouso-flamand qui se trouvait d'ailleurs non loin de ses temporaires appartements. Mais se tournant et détournant ainsi, la demoiselle avait bien sûr chercher à apercevoir quelque individu à l'intérêt énigmatique. C'est ainsi qu'elle arriva bien après son père et qu'elle n'aperçut point une inconnue convive. Mais avant de se taper inévitablement l'incruste comme un cheveu gras sur une soupe infecte, prenant le soin de s'arrêter un peu en retrait de l'entrée volante principale, elle s'apprêta à arranger sa mise et ses boucles rousses infernales...

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Ellesya
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MessageSujet: Re: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitimeJeu 24 Nov - 0:52

[hrp : désolée pour le retard. Trop peu dispo les jours précédents. LJDSya]


Le vin régulièrement porté aux lèvres instillait un doux réconfort par sa familiarité. Elle avait quitté Amboise depuis un long temps et ignorait quand elle aurait le bonheur de pouvoir à nouveau s'y poser et reposer. Aussi, une simple gorgée avait la saveur du chez-soi.
Tout en savourant les sensations qui, derrière la façade de son visage, éclairaient ses pensées des réminiscences ligériennes, elle gardait une part de concentration nécessaire à un dialogue.
Visiblement, le Chevalier, très chevaleresque justement, désapprouvait le fait énoncé sur l'absence de champion. En guise de réponse, elle sourit légèrement.


Mes propos n'avaient point pour but de vous pousser à vous proposer. Je ne désire pas non plus attirer une quelconque commisération.
Peut-être serais-je à plaindre si j'avais espéré qu'une personne bien précise s'offre de jouter pour moi. Mais, voyez-vous, je n'ai pas d'attente non plus de ce côté.


Tout à coup songeuse, elle fit rouler lentement le contenant entre ses doigts. Puis ajouta.

Cela dit, il est évident que l'idée est plaisante. Et que cela aurait ajouté du piment au tournoi de suivre les prestations d'un champion.

Elle releva alors le nez pour adresser un regard clair et franc à son interlocuteur.

Nul besoin de divaguer sur des « si ». Les choses sont comme elles doivent être.

Vous parliez de « Minerve ». C'est de la première d'entre elle que je tiens mon engouement pour les tournois. Dès mon plus jeune âge, elle m'emmenait avec elle. Et j'ai longtemps conservé les petits écus peints qu'elle créait lorsqu'elle devait procéder à des tirages au sort, lorsqu'elle officiait comme juge-diseur. Elle aimait à les représenter de la sorte et j'étais régulièrement appelée à servir de petite main honnête.
Je... je crois que je les ai donné à Gaïlen lorsqu'il était petit. J'avais encore le coffre contenant les jouets de Rehaël et moi à l'époque.


Un vague sourire nuancé de mélancolie éclaira ses traits et adoucit l'éclat métallique de son regard. Temporairement.
Dans son dos, elle perçut quelques bruits étouffés et une présence. Imaginant qu'il s'agissait d'un quelconque valet, elle ne s'en inquiéta pas d'avantage et reprit la parole.


Pour répondre à votre interrogation sur l'avenir maritale de la Louveterie... Je crois que ma mère a largement entamé le quota de la génération suivante.
Ni ma sœur ni moi ne sommes mariées, ni liées par serment. Cela dit, je crois que quelque chose se profile du côté d'Esyllt Catarina. Elle est plus entreprenante que moi, j'imagine.

J'ai côtoyé plus de clercs que de jeunes gens de ma condition puisque j'ai surtout été active à Rome. Et je comptais sur les relations de mon défunt père adoptif pour étudier quelques pistes. Mais il a trépassé avant d'avoir ébauché le moindre projet. De plus, j'ai longtemps hésité entre l'ordination et l'union.
Il a aussi été évoqué l'idée de resserrer les liens entre notre province et une alliée par un mariage. Idée venant de l'allié justement. Toutefois, le principe n'avait pas l'heur de me plaire et il n'en a plus jamais été question.


L'espace d'un instant, elle se mordit la lèvre, visiblement en pleine réflexion. Puis à nouveau, le regard clair se posa sur Guillaume et sembla le jauger brièvement. Elle prit le parti de continuer sur la lancée franche de la lettre adressée quelques semaines plus tôt.

Quelques hommes m'ont écris, avec la motivation à peine dissimulée de se lier à moi. Mais ce furent surtout des cadets peu ou pas fieffés et qui m'ont laissé le sentiment de n'être pas prometteurs à l'avenir. Alors quitte à faire un mariage raisonnable, autant que j'y gagne aussi.
Si je n'ai pas l'ambition de mes parents, ce n'est pas une raison pour brader l'héritage qu'ils m'ont transmis dans un mariage sans intérêt.

D'ailleurs, je songeais à écrire prochainement à Son Éminence Ingeburge -qui s'avère être ma marraine- pour lui demander conseil sur ce thème.


Le verre roulait dans un sens puis dans l'autre entre les doigts de la duchesse.

Quant à Miguaël, il a l'âge de Gaïlen. Donc encore bien trop jeune que pour envisager de lier sa vie à une autre. Mieux vaut s'affermir et se connaître avant de faire le pari du mariage.

Quel est votre sentiment sur le sujet?


« Pourquoi ? » avait-elle plutôt voulu demander d'emblée, en réplique à la question du Grand Officier. Surtout que le sujet était délicat pour elle, depuis la sortie de l'enfance et le mariage précoce de Rehaël. Mais il est parfois difficile de se défaire de son éducation.
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MessageSujet: Re: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitimeJeu 24 Nov - 19:39

[Jour 1 – épisode 1]

Comme dans une joute, le chevalier venait d’être désarçonné. Il s’attendait à aborder la question des brisures de l’écu filial, à tenter de deviner derrière les propositions que son enfant ferait les valeurs qu’elle défendrait ou l’identité qu’elle voulait se forger. Mais rien de tout cela n’était arrivé. Que du contraire. Le sujet de la conversation avait changé du tout au tout. Le prenant par surprise. Le forçant à rester interloqué quelques instants.

Il ne reprit ses esprits, et le cours normal de son discours qu’après être resté un – court, tout de même – instant bouche bée.


- Eh bien, Bérénice. Si tu ne désires point les bailler à l’héritier de quelque prestigieux lignage, tu ferais de moi le plus heureux des pères.

Réfléchissant un quart de seconde afin de rendre la chose plus originale encore – comme si un père qui défendait les couleurs de sa fille ne l’était pas encore assez – Guillaume poursuivit sur sa lancée : « Voici d’ailleurs ce que je te propose. À chaque passe que je remporterais, si le Très Haut en décide ainsi, je ferais monter tes couleurs vers mon heaume. Et si je devais prendre part à la finale, eh bien, elles pendraient au cou de la Licorne de mon cimier. Que dis-tu de cela ? »

--------

[Jour 1 – épisode 2]

Tuedieu que l’on sentait la noblesse dans les paroles de la duchesse d’Amboise. Sans l’ombre d’une hésitation, Guillaume l’attribuait à l’éducation de la jeune fille. Une mère roy d’armes et pair de France, un père héraut, pair et Grand Escuyer de France, une marraine symbole de la froideur extrême du protocole parisien dont il s’amusait ailleurs à susciter l’ire ou les remarques sèches, il n’en fallait pas plus pour expliquer à ses yeux la teneur du discours qu’elle lui adressait. Eut-il été prononcé avec moins de naturel que le Flamand l’aurait attribué à une leçon retenue par cœur. Mais tout cela venait trop naturellement.

Il acquiesçait donc, de temps à autre, et jouissait sans gène du vin qui occupait de moins en moins d’espace en son verre. Et, quand elle eut fini, il prit le relais, ne l’ayant pas interrompue jusque là.


- Mon sentiment est que le mariage est une affaire bien trop sérieuse pour être laissé au seul empire de l’Amour… Non, plus sérieusement, je reste persuadé qu’une famille noble ne peut négliger les questions d’alliance matrimoniale si elle ne veut pas se voir disparaître. Et que donc il ne faut pas trop tarder dans ce genre de question. Même si, en effet, Gaïlen est fort jeune encore. Nous ne sommes guère le roi de Castille et la reine d’Aragon négociant l’union de leurs enfants à peine ceux-ci sortis du ventre maternel.

Et pour ponctuer cette assertion, il finit son verre de Touraine. Puis, comme si de rien n’était, fit mine de changer de sujet.

« Notez bien, je parle, je parle, alors même que je ne suis moi-même qu’un parfait contre-exemple de ce que je viens de décrire. Mon mariage fut conclu par amour seul. Et je n’ai pas encore pris le temps de chercher une nouvelle épouse depuis que je porte l’épée fleurdelysée. Si les cordonniers sont les plus mal chaussés, les professeurs sont souvent les moins enclins à suivre leur propre enseignement, dirait-on…

Mais je gage que votre impériale marraine devra veiller à résoudre cela. Qui d’autre mieux qu’une Phylogène peut vous dénicher le mari idéal. Courtois, avec quelques beaux fiefs et un prestige certain, car en effet, on ne peut demander à la duchesse d’Amboise et de Luynes d’épouser un seigneur du Bourbonnais, fut-il même le fils de quelque duc ». Il s’abstint, cette fois, de conseiller d’épouser un vieillard, parce que l’on en est plus rapidement débarrassé. Ils n’étaient pas encore assez intimes pour qu’il se le permette.

Et ce fut à ce moment-là qu’il aperçut Lorgies. Sa fille voyons, bande d’obsédés. Vous ne pensez donc qu’à ça ?


« D’ailleurs, en parlant de mariage, voici le fruit qui couronna celui dont je vous parlais à l’instant. Ma fille et héritière. Bérénice. Baronne de Calmont, en Rouergue, et damoiselle de Lorgies, une des seigneuries vassales de ma vicomté ».

À ses mots, d’un sourire, il fit signe à cette dernière de s’approcher et de se présenter. Il était temps que les deux jeunes filles se rencontrent.
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MessageSujet: Re: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitimeMer 30 Nov - 23:21

1

Elle avait beau avoir quinze printemps plein de fraîcheur, la jeune fille n'en était pas moins encore une enfant. Mais ce n'était pas une raison valable pour lui en faire la remarque sous peine de la vexer irrémédiablement. Car la donzelle avait hérité d'un caractère assez fort. L'adolescente en fleur laissa donc la place à une enfant riant aux bêtises de son père et imaginant ce dernier faire monter ses couleurs à elle, comme il s'y était engagé. Un jeune héritier plus avenant sous tous rapports, aurait il eu aussi ingénieuse idée? Bien sûr que non. Un garçon ne pouvait penser que bêtement et n'avait de toute façon nul intérêt. Avec son père, ses armes flotteraient aux yeux de tous.
Sous réserve que le Chevalier aille en final.
Cette pensée lui arracha une moue un peu perplexe. Il n'était vraiment plus de prime jeunesse. Mais il avait pour lui la qualité de Chevalier de la Licorne, ce n'était pas rien.


Je veillerais à ce que vous teniez votre engagement, Père.
En attendant, vous allez être en retard. Il serait dommage de vous voir disqualifié avant même d'avoir posé un pied sur la lice non?
C'est un étrange sourire que la jeune fille adressa au Chevalier, rappelant pour quelques courtes secondes, des propos qu'auraient pu tenir sa défunte mère et un sourire qu'elle aurait pu avoir. Mais elle ne demeura pas pour autant sur place. Si elle voulait que son paternel passe le premier stade, il fallait l'aider à se bouger le séant illico.


-------------
2

Bon, pour la discrétion, s'était visiblement raté. En même temps, il est vrai qu'elle n'avait pas fait d'effort. Elle avait pourtant veillé à ce que le jeune Flamand ne se trouve pas dans les parages. Ou alors si, elle avait surveillé s'il n'était pas dans le coin, au cas ou. Fin bref, voilà quoi, elle avait pourtant fait attention! Décidément le vieux Flamand lui, avait l'oeil sur tout. Malheureusement. Et naturellement, il avait fallu qu'il la grille. Genre ça aurait été trop top cool qu'il ne dise rien et qu'il la laisse mener discrètement ses investigations, tout en laissant trainer une esgourde curieuse.
La jeune lionne plissa bien sûr son museau de mécontentement à l'adresse de son Chevalier de père qui lui, semblait bien enjoué. S'il y avait bien un truc qu'elle n'avait pas encore compris, c'était celui là : l'enjouement que son père pouvait avoir.

Tilt.

Oui faut le temps quand même que l'esprit roux réagisse. Le roux ça peut être aussi fatal que le blond, mais l'avantage, c'est que c'est beaucoup moins prévisible. Donc Tilt. Tilt parce que la jeune fille avait remarqué que la compagnie de son Père était une femme. Et ça suffisait à titiller son ego en manque constant de reconnaissance paternelle. Machinalement la poupée aux boucles rousses redressa son port de tête et arrangea les plis de sa mise du jour. Elle n'avait plus de mère, elle devait donc inévitablement prendre le rôle de la figure féminine siégeant au côté du de Jeneffe.
Sans un mot, un regard vert suspicieux posé sur l'inconnue, elle avança doucement vers son père et se posta droite comme un I a ses côtés. Si elle avait reçu une éducation maternelle digne de ce nom, son comportement aurait pu paraitre à peu prêt normal. Excepté qu'il lui restait encore bien du chemin à parcourir pour espérer arriver a la cheville de feue la Comtesse de Scye.

Toutefois, Bérénice n'en était pas moins dotée de quelques notions de bonnes manières. Valait mieux car si elle en manquait, elle ne voulait pas recevoir un aller retour chevaleresque. Ca n'avait encore jamais été le cas, mais méfiance est mère de vertu, même si ça ne veut rien dire parce qu'il est tard et qu'un esprit complètement décalqué essaye d'aligner quelques mots incompréhensibles. Ne connaissant donc pas la réelle identité de la jeune femme, la jeune fille plia gracieusement un genou et inclina la tête.


Ma Dame.... Puis son père eu droit à un regard du genre "cékicellà?", le regard qu'adresserait une gironde à son régulier qui rentrerait en retard au bras d'un donzelle suspecte. En fait, ce ne fut pas le cas. Mais son regard resta tout de même empli d'interrogation.
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MessageSujet: Re: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitimeDim 4 Déc - 20:54

[Jour 1 – épisode 2]

La tête légèrement penchée sur le côté, le verre dorénavant vide se réchauffant entre ses mains gantées, la petite Valkyrie de Tyr écoutait attentivement les propos du Chevalier, acquiesçait de temps à autre et notait mentalement l'un ou l'autre point sur lequel elle désirait revenir. Sans oublier que si elle avait pu lire ses pensées, elle aurait précisé qu'elle avait encore eu deux oncles Grand Ecuyer de France, un autre tonton Roy d'Armes et une tante Grand Maître des Cérémonies. Sans certitude que la liste fut exhaustive. Mais cela l'aurait enfoncée dans sa propre insignifiance médiocre. Quelle chance de n'être pas télépathe !

Quoiqu'il en soit, elle n'eut guère le temps d'ouvrir la bouche pour répondre aux paroles de Guillaume que le maître du pavillon invitait une jeune fille à se joindre à eux. Un léger sourit éclaira ses traits, comme à chaque fois qu'une tignasse enflammée apparaissait dans son champ de vision. Une pensée affectueuse pour sa défunte mère et sa soeur qui, contrairement à elle, partageaient cet éclat automnal, traversa brièvement son esprit.
Sans quitter son siège, elle répondit à la fille de Jeneffe d'un aimable sourire accompagné d'un signe de tête. Si depuis quelques mois on ne lui donnait plus du « damoiselle », autant en profiter pour ne plus se conduire en jeune fille mais en ducale aînée qui n'avait pas besoin de lever son séant pour saluer une jouvencelle. Sans oublier que cela lui épargnerait quelques douleurs au flanc navré ce dont son corps lui serait reconnaissant.
Cela dit, son air n'en était pas moins animé d'une douce aménité. Le plaisir de la découverte était de plus rehaussé par le calme poli de Bérénice qui la changeait positivement de la fébrilité puérile d'autres jeunes gens du même âge.


Enchantée de faire votre connaissance, Damoiselle.

Hop, au tour de la « vieille peau » -oui, c'est très relatif-, de caser ce « damoiselle » à d'autres !
Sya capta également le regard interrogatif de la jeune fille vers son père et reprit la parole, naturellement.


Je me prénomme Ellesya... Ellesya de la Louveterie Arduilet Montfort, pour la version longue. Duchesse d'Amboise et de Luynes, entre autres titres et dignités.

Un bref silence s'invita à la fête, qu'elle rompit sans attendre. Le verre roula, dans un sens puis dans l'autre, entre ses paumes.

Votre père et moi devisions du mariage.
De la notion de mariage, devrais-je préciser. Nous confrontions nos visions de la chose et j'allais justement nuancer mes précédentes paroles.


Cela étant dit, elle se tourna légèrement vers Marchiennes pour former le trio.

Si il est vrai que la Raison se doit de s'exprimer dans le choix d'un conjoint, elle ne peut remplacer les sentiments car ce sont ceux-ci qui justifient l'acte de mariage devant Dieu. L'union maritale est un Don de notre Seigneur, une manière de lui rendre grâce en merveillant l'Amour dont il nous a doté et qui nous distingue comme étant Ses Enfants.

Toutefois, de ce que j'ai pu en juger, l'amour initialement présent n'est pas gage de réussite d'un mariage d'où les conseils et prescriptions de l'Eglise quant à la nécessité de faire les efforts nécessaire pour réussir l'engagement dans lequel nous avons liés notre âme à une autre.

De là, j'en suis venue à penser que les mariages purement de raison ou d'intérêt sont un péché, une perversion de ce sacrement. Mais si il s'allie à l'Amitié et au respect et que, en l'occurrence les deux nobles, puisque nous parlions des mariages nobles, ont le projet de construire une relation aimante au sein de leur couple, il n'y a plus de faute envers le Très-Haut.

Et cette conscience, il est rare qu'elle soit présente chez de tout jeunes gens. En cela, il est préférable de ne point hâter les alliances et de privilégier un mariage peut-être moins avantageux nobiliairement parlant pourvu que le coeur y soit.

Ma mère avait le chic pour cela, au long de ses quatre mariages.

Quant à moi, j'ai bien trop longtemps hésité à m'unir au Seigneur que pour me soucier des partis terrestres. Et me voilà réduite à discourir pompeusement sur un sujet étayé de réflexions et d'observations mais nullement d'expérience.
L'indécision est une plaie !


Si elle avait parlé avec un certain sérieux tout du long, la fin de son discours s'était animé d'une certaine autodérision joyeuse.

Et vous, Demoiselle Bérénice, avez-vous déjà un avis sur le mariage ou une idée sur les qualités attendues d'un époux?
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MessageSujet: Re: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitimeJeu 15 Déc - 18:36

Et vous pensez bien que le vieux, il devait se marrer sous cape. Une duchesse et elle, elle s'était contenté d'un "Ma Dame". Tout cela parce que le papounet d'amour chéri n'avait daigné lui présenter la dame en question qui s'était présentée d'elle même. Certes, elle savait qu'elle la dominait de deux couronnes au dessus du crâne, mais si elle l'avait su avant, et bien elle ne se serait certainement pas contenté d'un simple "Ma Dame". Parce que son éducation était pas au top du top, mais elle savait quand même comment causer aux porteurs de certaines dignités. Si elle avait pu le penser, la jeune fille aurait sans doute penser à "saloperie de Flamand, tu m'as bien fait passer pour une gourde". Mais elle ne le pensa pas et répara sa bourde qui n'en était pas une, parce que de toute façon, loin d'être de sa faute et loin d'être condamnable. Faut pas pousser mémé dans les orties, même si ça peut être funcky.

- Enchantée... Votre Grasce. Détail réparé donc. Et sans doute la jeune fille aurait bien aimé s'en aller vaquer à ses occupations, surtout si elle avait eu un tant soit peu idée de la suite de la conversation, fort déplaisante de son point de vue. Non point que le ton usé lui eut déplu : il était plutôt question du sujet qui ne lui revenait pas du tout. Aussi, la poupée aux boucles esquissa une moue mêlée de désapprobation et de sainte horreur. C'est qu'il y avait encore dans son esprit, un monstre aux yeux bleus, décédé depuis un moment, mais qui avait été et qui était encore une lourde ombre à porter.

Mais il fallait quand même qu'elle se décide à répondre au lieu de rester aussi muette qu'une carpe. Mais quels mots utiliser pour faire comprendre qu'un bon époux est un époux qui n'existe pas? Un époux qui ne vous a pas passé de bague au doigt, de corde autours du cou et qui ne vous enquiquine pas juste par le fait que vous ayez conscience de son existence? Un peu chargée comme argumentation.


Et bien... Je n'ai pas d'avis, si ce n'est que mes parents ont dès mon plus jeune âge décidé d'une union qui n'a pu être célébrée, celui qui m'était destiné ayant été rappelé par le Très Haut. Je me suis confessée pour n'avoir connu comme sentiment à cette annonce, que pur soulagement de ne point m'être retrouvée menée à autel pour porter le nom d'un homme que je n'ai pu connu. Et que je n'avais pas demandé à épouser. Ne dit on pas que la vérité sort de la bouche des enfants, même si elle n'en est pas une (d'enfant, pas de vérité). Restait juste à savoir comment le Père prendrait les propos de sa fille.

Depuis, Père m'a promis de ne jamais me parler de mariage. J'ai eu de nombreux échos sur les premières noces de ma Mère. Les secondes l"ont conduite à la folie et à la mort. Aller hop papa, prend ça dans les dents. Je n'ai nulle envie de me marier. Je veux devenir Chevalier, comme Père et le mariage n'est pas compatible avec cette voix. Un époux sera forcément encombrant. Bonne chance pour vendre un jour la marchandise, n'est ce pas papa?
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MessageSujet: Re: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitimeVen 16 Déc - 1:06

Il avait tiqué, une fois ou deux. Oh, pas à l’adresse dont sa fille gratifia la duchesse de Luynes. Il n’avait d’ailleurs lui-même que peu d’attachement aux formules graciales et grandistes. Un messire ou une dame, et le tour était joué à ses yeux. Non, c’était à tout autre chose qu’il s’était attaché, au fil des paroles de sa fille. Sa vision de leur dernière conversation, ou du moins de celle qui, la dernière, avait marqué son esprit lui revenait encore et encore au fur et à mesure que les paroles s’égrenaient, comme autant de coups de miséricorde dans le cœur. Pouvait-elle avoir si mal compris ce qu’il voulait lui dire ? Ou était-elle en train de lui tendre un de ses premiers pièges de femme ?

Il hésitait, en effet. Car bien des choses lui échappaient encore. Au premier rang desquels sa réelle relation au comte de Beaumont. Certes il s’agissait là d’un mariage de raison, des plus profitables pour tout le monde, à l’aune des exigences de la noblesse de France. Et à ce qu’il avait entendu des derniers mois du jeune homme, il avait enfin choisi la voie qui avait été celle de son père et de sa tante. Mais il avait fallu que la Faucheuse le saisisse plus tôt que de raison. Comme s’il était écrit que les Vergy tomberait bien avant leur heure. Mais là n’était pas, aujourd’hui, la question.

Aussi, se redressant quelque peu, il répondit à sa fille, ne laissant guère à la Tourangelle née du Taureau et de la Louve – Dieu que son prochain époux serait à plaindre, ou plutôt à protéger – le loisir de prendre la parole. Quel goujat !


- Faux, Bérénice. Je n’ai pas dit que je n’évoquerai plus le mariage en ta compagnie, mais que je ne te contraindrais pas à épouser qui je t’ai désigné comme futur époux. Quant à la folie de ta mère. Eh bien, certes, j’en suis responsable. Le premier certainement. Mais sache cela. Rien ne doit, si tu le désires vraiment, te retenir sur la voie de l’adoubement. Et si tu crains que le mariage le puisse, c’est que tu rencontreras d’autres obstacles encore. Et que ceux-là non plus tu ne parviendras pas à les surmonter. C’est d’ailleurs ce que dit l’Église, vois-tu. Des efforts sont à faire de part et d’autre. Et en cela, je ne peux que me joindre à votre analyse duchesse. Le mariage sans un fondement d’amitié, dut-il s’épanouir après la cérémonie religieuse, est, en plus d’être voué à l’échec le plus pathétique, une insulte à notre foi.

Ou comment passer de sa fille à celle qui, par alliance licorneuse, pourrait être sa nièce s’il voulait s’amuser à jouer avec les mots.

« C’est bien cela qui rend des unions solides, et qui en défait d’autres sur le simple écueil d’un mauvais réveil. Et si, le Très Haut le veuille,n vous épousez celle ou celui qui vous comprend, c’est en lui que vous trouverez une seconde énergie, une nouvelle rage de vaincre l’adversité ».

Et parce qu’un simple changement de direction n’était pas suffisant : « C’est cela que m’a offert ta mère. C’est d’ailleurs de cela dont je l’ai privé, finalement. C’est donc une lame à double tranchant. Tu en grandis et elle peut t’annihiler plus rapidement qu’une tempête en mer. Mais est-ce vraiment pour cela qu’il faut fuir le mariage ? »

Et cette fois, la question concernait aussi bien la duchesse que la baronne.
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Titre nobiliaire : Duchesse d'Amboise et de Luynes, Vicomtesse de Montbazon, Baronne de Vouvray
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MessageSujet: Re: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitimeMer 21 Déc - 14:03

Amboise suivit l'échange avec la discrétion d'une tapisserie. Non pas que cela ne l'intéressait pas mais il était quelques indiscrétions qu'elle ne voulait pas commettre d'emblée. Et ce, malgré qu'à quelques égards, la vindicte piquante saillant hors des paroles de Bérénice ainsi que les éléments abordés lui étaient étrangement familiers sans être semblables à sa propre expérience. En viendrait-elle à conclure que les géniteurs aux éperons d'or occasionnent souvent rancune et déception dans le chef de leurs épouses et de leurs filles ?

Lorsque la discussion sembla à nouveau s'ouvrir à sa participation, elle lança à Guillaume sur un ton teinté de malice :


Ainsi, votre fille était promise dès la prime enfance à un jeune homme... Que disiez vous, Monseigneur, sur le roi de Castille et la Reine d'Aragon ?

Ellesya tenta avec un succès mitigé de réprimer son sourire amusé. Jusqu'à ce qu'elle reprenne le fil de la conversation, un court instant après.

Votre soulagement était légitime, Damoiselle. Même si cela peut sembler peu charitable d'éprouver cela à l'annonce d'un trépas. Je ne vous en blâmerais pas, d'autant plus que vous avez demandé pénitence pour cela.

Par contre, si pour chausser les éperons d'or vous pensez qu'un époux est de trop, je ne puis abonder entièrement en ce sens. J'ai connu dans mon enfance des femmes entrées en Chevalerie et qui étaient mariées. Cela dit, ce fut plus généralement des parcours solitaires ou soutenues par des amants dans l'ombre. Les époux sont souvent trop occupés à leurs propres ambitions que pour apporter le même soutien à leurs épouses, alors que celles-ci s'efforcent d'être un pilier pour eux en menant leurs propres activités de front.
Je ne dis pas que le même dévouement de le part des hommes n'existe pas. Mais il n'est pas la norme. On le retrouve plus aisément auprès des amants de ces dames. Votre père risque de me gronder de vous tenir de tels propos...

Cela dit, il ne faut pas être naïve et attendre que ce conjoint presque idéal apparaisse pour envisager le mariage sinon vous vous retrouverez comme moi à 20 ans, sans descendance et à assister continuellement aux mariages des autres.
J'ai été élevée pour devenir devenir Chevalier comme le furent de nombreux membres de ma famille de sang et de coeur, mais il y a bien d'autres obstacles sur la route que la présence d'un hypothétique mari.
Pour vous, il est encore tôt mais, avec le temps, devenez pragmatique. Si la perfection est inatteignable, dans le pire des cas, dites-vous qu'un mari vous assurera des héritiers et, pour le reste, conservez votre indépendance et votre motivation.
Et retenez que les femmes ne sont pas tenues à plus de devoirs dans le mariage que les hommes, même si cette pensée en dérange beaucoup.

Je crois que cela répond à votre question en ce qui me concerne, Vicomte.
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MessageSujet: Re: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitimeJeu 12 Jan - 14:59

- Elle y répond, duchesse, tout à fait.

Le chevalier n’eut rien pu dire d’autre, tant, malgré quelques objections, il trouvait dans la fille du taureau et de la louve un secourable allié. Allez faire entendre à votre fille que non le mariage n’est pas obligatoirement malheureux quand c’est exactement le spectacle que vous lui avez offert par votre absence. Et le caractère farouche de la rousse baronne n’était pas pour faciliter les choses. Elle associait en elle le bonheur teinté de soulagement d’enfin avoir retrouvé son géniteur et le malheur de ne pouvoir l’entièrement croire. Guillaume s’en rendait compte, ici pour une des premières fois. Et dire qu’elle ne l’avait pas encore surpris dans la tente flamande…

Il avait aussi subtilement esquivé la question du roi de Castille, qui aurait nécessité de bien trop longs développements et entraîné un ennui commun dans le chef des trois nobles en présence. Autant éviter d’attaquer la falaise à force de ramer.

Aussi se décida-t-il à désorienter la conversation, afin qu’elle prenne une autre voie et laisse derrière elle les causes de tensions qu’il serait temps de résoudre plus tard, mais certes pas en compagnie d’une tierce personne qui n’en avait déjà que trop entr’aperçu. Le linge sale se lave en famille, chez les Jeneffe, et les haussements de ton qui l’accompagnent n’ont pas à être perçu par ceux qui n’appartiennent pas au lignage. Souci de préserver les apparences ? Peut-être, voire certainement. C’est que l’on ne se défend pas de tombereaux d’accusations en les affrontant pied à pied mais en les privant de tout objet.

Se composant un visage plus avenant encore, il poursuivit :
« Mais hélas, damoiselle, je m’en vais devoir vous demander de vous retirer. C’est qu’il va bientôt être temps pour moi de remonter en lice. Et je crains que le duc Llyr ne refuse de considérer votre conversation comme une excuse à mon absence. Mais je gage que nous nous reverrons très prochainement ».
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MessageSujet: Re: Campement de Jeneffe   Campement de Jeneffe Icon_minitime

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