Castel Lavardin
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Le domaine du Lavardin en Vendomois, Uchronie des Royaumes Renaissants (1451 - ?)
 
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 Tente Josselinière

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Aimbaud
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Aimbaud


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MessageSujet: Tente Josselinière   Tente Josselinière Icon_minitimeJeu 6 Oct - 0:05

Quand la dernière lanière de toile fut resserrée. Quand les carpettes furent déroulées, et le mobilier installé. Quand la paillasse fut drapée de frais. Et quand la touche finale — une hure empaillée aux défenses reluisantes — fut apposée dans un coin de la tente...

Aimbaud put s'écrouler sur la literie, perclus de fatigue bien qu'il n'ai rien glandé de sa journée à part monter à cheval. Il se mit à contempler la tenture du plafond, et s'abandonna à la recherche du seul remède à sa mélancolie : le sommeil.

Au dehors retentissaient les clameurs des jouteurs, accompagnée des bruits de ferraille que l'on décharge et des pas de chevaux dans les allées. Tous n'attendaient que l'heure de s'entraîner pour le tournois qui allait venir. Quant à Yolanda, elle avait rejoint les appartements attribués par Llyr. Il n'était en effet pas seyant pour une damoiselle de camper sous tente... Instant de répit pour le jeune Josselinière, car lorsqu'il était seul, il n'était pas forcé d'afficher une mine réjouie de circonstance, quand il ne voulais s'adonner qu'à sa peine.

Chagrins sentimentaux.
Somnolence...


***


Yolanda Isabel rentre dans la tente
— Il faut que vous vous trouviez une femme.

Aimbaud se redresse sur sa paillasse et lâche son manuscrit.
— Non mais euh, cela vous siérait de toquer, ma soeur ?
— On peut pas toquer sur un pan de tente. Ou alors tu m'expliques 'Baud.
— Il y a des pieux sur les côtés. AH. Comment j't'ai casséééée, oh wé oh wé. (patois angevin)
— Je me serai fait mal à la main !
Yolanda Isabel se jette sur la paillasse.

Aimbaud lui laisse une place et s'assoit plus décemment.

— Dehors, y a plein de jolies jeunes filles qui veulent donner leurs couleurs !
— Que m'importe, j'ai les vôtres.
— Je sais bien ! Mais si elles sont là, c'est qu'elles cherchent un mari.
— Il y a des femmes vieilles et mariées qui donnent aussi leurs couleurs, ma vie.
— Oui mais tu n'es plus tout jeune 'Baud !
— Ah, baste ! Vous m'ennuyez !
Aimbaud balaye de l'air.
— OH !
Yolanda Isabel tremblote de la lèvre inférieure.

— Pardon, pardon ma mie, ma petite lumière !... je ne le pensais pas ...
Aimbaud lui prend vite les mains, embarrassé.
Yolanda Isabel chouine encore un peu pour la forme.
— Je t'ennuie alors que je m'inquiète pour toi ! Tu es méchant !

— Vous avez raison, pardonnez-moi...
Aimbaud lui met un bécot sur chaque main et les repose.
— Marraine me disait souvent que je devrais me marier un jour. Alors, je pense que toi aussi, tu devrais 'Baud. Je t'aime mais on ne peut pas rester tous les deux toute la vie.
— Père s'est marié sur le tard.
— On voit ce que ça donne. Où est Maman ? Où est Papa ? Même nous, on sait pas ! Et je doute qu'ils soient ensemble.
Aimbaud se grattouille la nuque, ennuyé.
— Oui mais... de toute façon je ne vois pas qui épouser. Et je n'ai pas l'envie. Voilà.
Aimbaud se tape les mains en mode : dicussion close.
— Clémence ! Voilà.
Aimbaud grimace légèrement.
— Pourquoi Clémence ?
— Parce que quand tout le monde m'a abandonnée et que Marraine est partie, Clémence m'a écrit. Elle seule m'aime encore, et puisqu'elle m'aime, elle peut vous aimer. Et puisque vous m'aimez, vous pouvez l'aimer.
— Nombre de gens vous aiment, Yolanda...
Aimbaud lui sourit gentiment.
— Mais Clémence seule m'a donnée des nouvelles ! Tu ne l'aimes pas ? OH !
Aimbaud s'empêche de dire une connerie et se rattrape avant de la sortir.
— Je ne la connais pas.
— Elle m'a dit qu'elle viendrait au Lavardin ! Je te la présenterai ! Et une fois que tu seras marié, je pourrais me marier aussi.
Yolanda Isabel papillonne des yeux à fond la caisse.

Aimbaud rajuste son assise sur la paillasse, visiblement mal à son aise.

— Oui euh... Oui. Vous avez encore le temps.
— Je sais bien ! Mais Marraine disait que je devais y songer ! J'y songe, et tu devrais faire pareil..
Aimbaud soupire.
— Papa fait de plus en plus de bêtises.. Il faut bien quelqu'un pour s'occuper de Corbigny. Et puis les hommes de Papa parlent des servantes en permanence !
— Quoi ! Que...! Ils disent des choses en votre présence ?
— Bah y causent de Juliette quoi. J'ai pas tout bien compris, mais ils l'aiment bien.
Yolanda Isabel prend une grosse voix.
— "J'y apprendrai bien la vie à c'te petite là ! Elle est bien mignonne !"

Aimbaud se masse le carrefour entre les sourcils.
— Mais toi, jamais, tu parles des femmes.
Yolanda Isabel le regarde attentivement. Elle le fixe même tout à fait.
— T'es .. Grec ?!

Yolanda !
Yolanda Isabel n'a jamais compris ce que ça voulait dire, mais ça ressemble à une tare dans la bouche de Cassian.
— Ne dites pas d'âneries, d'accord... Je ne parle pas de femmes parce que je ne parle pas de femmes, tout comme je ne parle pas de... broderie ou de... BON. On ne peut pas parler de tout !
— ROOOOOH ! Ce que tu peux être vexatible ce soir !
— Je ne suis pas vexé !
— Quand on est vexé, on dit toujours qu'on est pas vexé ! Je le sais, je le fais !
Aimbaud en mode grosse barre de sourcils noirs.
— Tu vas bouder ! Han tu vas bouder !
Aimbaud reste silencieux avant de se ruer sur elle pour la chatouiller.
— Peste ! Peste ! canaille !
— Ah mais nonnnnnn ! Tu vas tout froisserrrrrr ! Arrêteeeeeeuuuuuuh !
— Hin hin hin hin hin
Aimbaud rit bêtement puis arrête et se refiche à sa place pour récupérer son manuscrit.
— Bon, ces joutes donc. Vous avez rencontré des connaissances dans le campement ?
— Clémence.
— Raaah...!
— Cloé ! Eléïce ! Ei.. Et puis c'est tout !
— C'est bien, c'est bien. Soyez sage en leur compagnie.
— Et toi ?
— Boh, je ne suis pas sorti.
— Ah bah il faut sortir ! Tu aimes les chiens 'Baud ! Si tu voyais la chiennerie du Duc ! Mais ouiiiiii ! Tu as vu Ankou ! Il vient d'ici ! D'ailleurs, je l'ai laissé avec sa maman.
— Entendu, j'irai voir.
— Tu es maig' 'Baud..
Yolanda Isabel tiraille un peu la joue plus creusée qu'avant son départ.
— La peau sur les os.

Aimbaud se laisse faire bien qu'en grimaçant un peu.
— Mais non. Vous vous faites du mouron pour rien.
— J'ai le droit, je pense.
Yolanda Isabel sourit tristement, pas de reproches, non, pas de reproches. Faut pas.

— Vous, vous êtes en parfaite santé, j'en suis heureux. Bien que j'aime à vous voir plus souriante.
Aimbaud lui étire les fossettes de la même manière.
— J'fais de mon mieux ! Mais tu fais exprès de me contrarier !
— C'est faux ! je fais tout pour vous agréer !
— Pas assez bien. Par exemple, je veux que tu sortes et que tu manges bien et que tu rencontres des jeunes filles de bonne famille.
— S'il n'y a que cela pour vous complaire, boarf... Je sortirai demain.
— Parfait ! Parfaitement parfait ! Je m'en vais rentrer à la forteresse !
— Faites. Et soyez prudente, n'allez pas vous prendre un coup de heaume dans ce fatras de jouteurs qui se mêle au dehors.
— Ils n'oseraient pas me toucher, tu fais trop peur !
Aimbaud sourit en coin.
— Yolanda Isabel dépose un baiser sur la joue de son frère.
Aimbaud la laisse faire, elle est encore petite. Puis se renfonce comme la loque qu'il est dans sa paillasse.
Yolanda Isabel sourit aux anges avant de repartir de la tente en chantonnant.
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Clémence de l'Epine
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MessageSujet: Re: Tente Josselinière   Tente Josselinière Icon_minitimeJeu 6 Oct - 12:23

Elle avait davantage de raisons de s'y rendre que de prétexte pour ne pas y aller. Davantage de personnes, ici, qu'elle brûlait de revoir, plutôt que de fantômes, à Nemours, à tenter d'oublier. De Bretagne, elle était revenue il y a peu de temps, sortie enfin de ce couvent de malheur qui l'avait accueillie à l'aube de sa convalescence. Elle avait toujours été pieuse, elle avait toujours aimé Dieu, et c'est pourtant au moment où elle en avait été la plus proche qu'elle s'était mise à Le détester - parfois - de ne pas la laisser partir. Elle avait assez de bon sens pour savoir qu'il aurait été mauvais de quitter trop tôt la prévenance des nonnes et le refuge de la prière, mais elle avait également assez de colère et de mauvaise foi - ! - pour en vouloir au seul qui n'était pas là - Dieu, toujours.

Ainsi, un jour, il y a longtemps car les jours passent si lentement quand on se traîne, souffrante, en voiture, elle avait repris les chemins en direction de la France. Le feu aux joues rougies par la fièvre et l'impatience, elle avait voyagé fort mal, l'humeur mauvaise bien que le cœur libéré.

Nous passerons l'arrivée à Nemours pour nous en tenir à celle du Lavardin. Donc, elle se rendait aux festivités de la Saint Michel. Elle avait toujours eu les pommettes saillantes, et les épaules fines, et le buste étroit : la maladie alors n'avait pu lui enlever grand chose. Il était par contre indéniable que sa chevelure autrefois d'un blond lumineux avait perdu de son éclat. Sans doute était-ce pour cela qu'elle l'avait fait tirer en tout sens, ramenée dans un écrin de soie bien haut sur la tête, cachée sous une coiffe de résille perlée. On ne distinguait que son front blanc, très blanc, et ses lèvres si rouges au milieu de ce visage fragile dont les traits pourtant semblaient avoir pris quelques années en peu de mois. L'ocre de sa robe et les fils écarlate des broderies de sa toilette réhaussaient quelque peu la pâleur de son teint et s'accordaient au cramoisi de ses lèvres.

Après avoir laissé les ordres aux domestiques et les soldats au repos, elle erra un moment au milieu des tentes qui se levaient, au milieu des cris et des exclamations de retrouvailles, au milieu des odeurs de foule et de vins. Elle ne cherchait personne, mais en espérait quelques uns : Ellesya, dont le nom et le visage avaient percé la brumes des souvenirs quand elle avait reçu sa lettre. Et Yolanda, aussi, qui rapidement s'imposa à sa vue, ou plutôt ses couleurs, sur les bannières armoriées flottant non loin de là, sur un campement. Elle s'approcha, surprit une ombre s'en éloignant : la corpulence correspondait, la taille peu ou prou, les cheveux et la mise, assurément. Et pourtant, elle douta.


Yolanda ? fit-elle, hésitante, ses yeux azur se posant avec interrogation sur ce noir, majestueux et douloureux, dont la petite, de dos, était vêtue. Où était le rose innocent, insouciant et tapageur ? Elle força un peu le pas pour se porter à sa hauteur. Yolanda ? répéta-t-elle avec espoir, l'invitant à se retourner.
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Yolanda isabel
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MessageSujet: Re: Tente Josselinière   Tente Josselinière Icon_minitimeJeu 6 Oct - 21:48

Un leurre.. Cette bonne humeur du soir n’est qu’un leurre, elle le sait bien, elle le sent bien. Aimbaud lui est revenu affaibli, apathique de là où il était. Elle n’en sait rien, et vu l’état d’Aimbaud, à bien y réfléchir, elle préfère ne pas savoir, ne pas y penser. De loin, elle préfère lui changer les idées. Cette idée de mariage, ce n’est pas pour lui, ce n’est pas pour Clémence, c’est à la mémoire de Marraine. Marraine qui voulait marier toutes Ses filles. Marraine qui voulait les voir convoler en des noces heureuses et prospères, Marraine qui n’est plus, elles qui ne sont pas mariées. Aucune d’elles, même si Blanche tend à réaliser les espoirs de la Castelmaure. Mais Clémence, Clémence qui n’est plus toute jeune du haut de sa vingtaine d’années, elle est toujours seule.

Clémence qui a pris de ses nouvelles, Clémence qui l’aime malgré tout, et dont elle a vu les couleurs sur le campement. Clémence, enfin, qui lui manque pour ce qu’elle lui rappelle une époque plus douce. Une époque où Béatrice était Reine-Mère, où Blanche était la Sœur, et où Clémence était une Cousine aimante. Jamais de morale, jamais de réprimandes, des sourires et des caresses, une époque faite de bonheur et d’allégresse. Elles étaient les filles de la Reine, elles étaient vouées à un avenir merveilleux. La Reine est morte, et l’avenir s’annonce sombre comme les voiles de sa coiffe qui volent au vent quand elle traverse le campement. Indifférente à tout et tous, sauf cette voix qui la saisit au vol.

Comme au ralenti, elle se retourne, les larmes qui avaient quitté l’azur depuis si longtemps, reviennent quand elle se jette contre le giron de l’Epine.


-« Clémence ! Ma Clémence ! J’ai cru que vous ne reviendrez jamais ! »

Elle y a cru vraiment. Et quand elle relève les yeux vers l’Epine, elle constate que si elle a grandi, ce n’est pas le cas de la champenoise. Il y a longtemps, ils la distançaient tous. Ce n’est plus le cas, les mois ont passé, de l’eau a coulé sous les ponts. Et ce temps qui passe a marqué Clémence comme Aimbaud, comme elle-même.

Pauvre Clémence..
Combien nous avons souffert et elle, plus que quiconque, elle qui n’était là que pour nous, que pour Elles.
Où sont-Elles ces femmes qui l’ont fait vivre à travers leurs vies ? Où sont-Elles cette Bleue et cette Blanche qui ont régenté notre vie.

J’eusse aimé voir son corps fleurir avec son âme
Et grandir librement dans ses terribles jeux,
Deviner si son cœur couve une sombre flamme
Aux humides brouillards qui nagent dans ses yeux..

Pauvre Clémence.. Et les bras se resserrent autour de la taille fine.


-« Ne m'abandonnez plus jamais.. »
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MessageSujet: Re: Tente Josselinière   Tente Josselinière Icon_minitimeVen 7 Oct - 11:40

Ça n'était pas de l'affection, qu'elle éprouvait pour les enfants, ni moins encore du ravissement, comme certaines pouvaient en avoir pour les plus petits et souvent les plus idiots, d'ailleurs. C'était, étrangement, un sentiment maternel et protecteur qui la poussait à les considérer comme des êtres faibles et encore innocents sur lesquels on se devait de garder un œil. Clémence n'adorait pas Yolanda comme d'autres y parvenaient facilement. Elle ne la regardait pas avec une effusion de bonheur, elle ne l'avait jamais fait. Yolanda était, et resterait sans doute à jamais, la cadette à préserver, l'icône de sa jeunesse qu'elle désirerait épargner. Elle ne déborderait jamais d'amour à son égard, ou en tout cas ne lui montrerait pas. Elle était de ces femmes pudiques qui observent de loin, un sourire sur le coin des lèvres, et qui s'en tiennent obstinément, opiniâtrement, ridiculement à leurs idées : les enfants ne sont que des adultes en devenir, on ne peut les aimer entièrement tant qu'ils n'auront pas démontré leur véritable nature.

Mais donc, assurément, il y avait une différence : Yolanda, justement, ne lui était pas indifférente. Elle n'était pas invisible et inutile, comme les autres l'étaient. La raison était simple : Clémence l'avait vue grandir, elle l'avait eue à ses côtés, beaucoup, elle avait pu contempler la tendresse de Béatrice et la bienveillance de Blanche à son égard. Yolanda n'était pas une étrangère que l'on regarde passer pour l'oublier ensuite, sans états d'âme. La petite Josselinière avait vécu des moments qu'avait vécus la Marquise et cela avait son importance. Il y avait des souvenirs, oui : et les souvenirs comptent.


Je ne vous ai pas abandonnée voulut-elle dire d'abord. Mais les mots planèrent, en suspens, au bord de ses lèvres purpurines. Car elle l'avait fait, elle ne pouvait pas le nier, finalement. Elle avait choisi de partir, de suivre Blanche, exclusivement, et de laisser les autres et tout le reste.

Je suis désolée, fit-elle alors. Et elle était sincère. Désolée de sentir le désarroi de la fillette et de ne pas savoir quoi dire ou faire de sensé.

D'autres auraient baisé le front de l'enfant et auraient séché les larmes en l'étreignant avec zèle. Clémence préféra poser l'ongle de son pouce au coin de sa paupière et regarder la perle fondre et glisser doucement le long de son doigt. Clémence de l'Epine n'usait pas de baisers ou d'embrassades, c'étaient de simples gestes, qui témoignaient de ses émotions. Tantôt une caresse sur la nuque, tantôt une pression sur l'épaule, d'autres fois des mains qui se frôlent. Elle posa une main froide sur la joue rebondie de Yolanda et lui offrit un sourire.


Où donc comptiez-vous aller, avant que je ne vous attrape ?
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MessageSujet: Re: Tente Josselinière   Tente Josselinière Icon_minitimeVen 7 Oct - 19:22

D’une douceur sans pareille la caresse qui glisse, hirondelle qui annonce un renouveau dans leurs vies. Et pourtant qu’il est dur de la regarder dans les yeux cette autre qui n’est qu’à peine Clémence. Est-ce cela vieillir ? Le temps a-t-il vraiment jeté à bas ce qui faisait d’eux la jeunesse dorée de France ? Où est l’or de la chevelure de Clémence ? Où est la superbe d’Aimbaud ? Et ce rose qui faisait sa fierté ? L’été est mort et avec lui, des illusions d’enfants, l’amour et l’amitié, la mort et l’éternité. Ils ne sont pas éternels parce que trop vivants. Sous ce doigt indiscret, elle voudrait s’épancher pour raconter combien elle les a pleurées, combien elle a souffert de cette absence cruelle qu’ils lui ont infligée. L’excuse sincère est un baume à ce cœur de fillette éprouvée par les élans du cœur de ces adolescents qui font son quotidien, ces grands qui aiment, qui vivent ailleurs. Un ailleurs loin de son cœur, loin de ses yeux.

Cette main froide sur la joue, c’est un peu de Clémence qui retrouve Yolanda, c’est un peu l’automne, ce mélange de chaud et de froid. Clémence, c’est la nostalgie des souvenirs passés. Tiède. Ce sourire qui l’accompagne, c’est celui de Clémence, en coin. Et ne pas répondre à sa question, parce que quand on a huit ans, il y a cette bienséance qui ne saurait surpasser les pensées qui filent et ne s’arrêtent pas à la barrière des bonnes manières.


-« Vous vous souvenez comme nous étions bien au Louvre ? Comme nous étions heureuses alors ? J’ai eu si peur tous ces mois de n’être plus jamais heureuse.. Mais vous êtes revenue. »

Marraine ne reviendra pas. Blanche doit partir, Della le lui a dit. Mais reste Clémence, Clémence et Aimbaud. Souvenirs vivants d’une époque merveilleuse. La main froide et fine est recouverte de sa cadette plus chaude, plus potelée.

-« Je revenais de la tente d’Aimbaud.. Et là, je rentre à mes appartements, ceux que Lly.. Le Duc m’a octroyé. Clémence, savez-vous pourquoi Aimbaud ne comprend pas que c’est important qu’il trouve une épouse ? »


Voilà, tout ça.. Un soupir en prime..

-« OH ! J’en oublie tout ! Et vous ? Où alliez-vous ? »

La politesse ! Naméoh !
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Clémence de l'Epine
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MessageSujet: Re: Tente Josselinière   Tente Josselinière Icon_minitimeSam 8 Oct - 13:05

Babillage enfantin qui met Clémence à l'épreuve : se concentrer, écouter, ne pas perdre un mot, éviter de laisser ses propres pensées s'égarer devant un tel mélange d'expressions et de verbes. Il y avait longtemps qu'on ne lui avait pas demandé d'écouter. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas eu l'occasion de hocher la tête imperceptiblement, le sourcil froncé, comme absorbée par ce flot discontinu de paroles que son interlocuteur pouvait bien lui débiter. Alors que, tout compte fait, elle en était loin, loin de tout, murée dans les silences des tréfonds de son âme.

A la première question, elle ne sait quoi lui dire. Oui, tout cela était bien, mais si vous avez cru que cela durerait toujours, alors je vous plains, je vous plains beaucoup. Les choses changent et ne durent jamais. Quant à votre bonheur, si vous avez pensé le perdre à jamais, alors vous avez été faible : le bonheur s'acquiert par la seule force de sa volonté et il ne suffit qu'à vous de l'entrevoir puis de le vivre à nouveau.

On ne dit pas ça à une enfant qui a souffert. On la ménage.


Oui je me souviens. Dit-on dans un vague murmure.

Deuxième question. On parle d'Aimbaud. Et lui reviennent en mémoire ces trois lettres qu'elle avait envoyées de Bretagne, dans un fol moment de doutes et d'égarement. Elle avait pensé que l'idée pouvait être bonne, alors. Aujourd'hui, cela lui paraissait tout simplement irréfléchi, et surtout, absurde.

Il... commença-t-elle. Elle lorgna en direction de la petite praline – qui ressemblait maintenant davantage à un pruneau gorgé de soleil – et se demanda ce qu'elle savait, ce qu'un frère pouvait bien révéler à sa petite sœur. Devait-elle lui dire qu'elle se fichait comme d'une guigne de ce qu'Aimbaud pouvait bien comprendre ou ne pas comprendre ? Devait-elle lui dire qu'il était épris d'une blonde bretonne et que cela, sans aucun doute, lui faisait détester l'idée même du mariage, puisque devant l'autel, il n'y aurait sûrement pas de bretonne à ses côtés.

Parce que c'est un garçon immature qui ne raisonne pas avec son esprit.
Fut tout ce qu'elle trouva à répondre.

Et moi, j'allais... Que dire, à nouveau ? Était-ce Yolanda qui posait des questions embarrassantes, ou bien Clémence, qui n'était plus habituée à parler ? Pareil que vous.

Menteuse. Elle n'allait nulle part, mais comment avouer qu'elle n'avait pas de but et que l'errance commençait à lui seoir ? Elle aurait vingt ans à la fin de l'hiver prochain, lorsque le dégel découvrirait les bourgeons. En lieu et place de bourgeons, elle avait des épines, et la fleur qu'elle avait pu être ne tarderait pas à perdre de ses couleurs.

J'ai un cadeau pour vous. Conclut-elle précipitamment. Aimez-vous toujours les douceurs ?
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