Elle avait fait aussi vite qu'elle avait pu, mais bien entendu, elle était en retard. Comment aurait-il pu en être autrement?
C'était un grand honneur pour elle que d'avoir été choisie par dame Kalimalice pour être sa dame de compagnie, et le premier moment de surprise passé, elle avait ressenti un petit mouvement d'orgueil, oui, pourquoi ne pas le dire? Mais elle n'avait guère eu le temps de se complaire dans sa nouvelle condition, et n'avait eu que le temps de courir pour tenter de rejoindre sa dame avant qu'elle ne franchisse les portes du Castel Lavardin.
Elle se doutait bien que le temps des doux prélassements était terminé, et qu'elle allait s'essouffler à suivre l'intrépide maréchale. Mais c'était aussi bien, à divers titres.
Une pensée nostalgique pour feu son époux, qui aurait été si fier de cette nomination auprès de celle qui était avant tout son amie... et puis aussi un souvenir mélancolique de tant de joutes où elle l'avait accompagné par le passé... Mais le passé n'était plus, et s'il lui était impossible de tourner la page, elle pouvait au moins s'efforcer d'essayer d'avancer le mieux possible. Ces nouvelles activités l'y aideraient, et elle n'aurait sans doute pas le temps de se morfondre en de stériles chagrins.
Elle songeait à tout celà, tout en s'approchant, quelque peu essoufflée, de sa dame:
- Me voici, dame, et pardonnez-moi d'avoir été un peu lente. J'essaierai de veiller, à l'avenir, à ne pas vous quitter d'une semelle...
C'était sans doute un peu présomptueux, étant donné la façon dont la maréchale avait le don d'être partout à la fois, mais bon, on verrait bien...